Bière artisanale et bio brassée à la Feuillie dans la Manche

 D’abord, c’est la rencontre d’autres brasseurs artisanaux. Ce que Nico aime dans la bière, c’est son côté populaire. La bière, c’est un partage (par rapport au monde du vin par exemple). La bière à l’origine est plus consommée par les populations ouvrières. Cette boisson était considérée comme une nourriture, à destination des ouvriers, pour calmer la faim. En comparaison au monde du vin où les prix peuvent vite devenir onéreux, le monde de la bière reste ouvert à plus de personnes et est plus abordable. 

Originaire des Ardennes, Nico débute sa carrière à Versailles (78) en tant que fromager en fabrication, puis en commercialisation, ayant toujours eu un attrait pour les processus de fermentation…. mais également à tout ce qui se mange et qui se boit ! C’est pourquoi, en s’installant en Normandie, il se tourne tout naturellement vers le monde du vin. Dans un premier temps par le biais de la revente à des professionnels, des restaurants et des particuliers, puis en ouvrant le bar/cave Le Chat qui Boit à Coutances en 2012 où il s’intéresse aux vinifications naturelles. Il se retrouve dans les produits vrais, sans artifices et dans ces échanges avec les producteurs des vins qu’il vend.

Il commence à brasser en 2019, suite à quelques stages de perfectionnement, mais surtout grâce à ses échanges avec les brasseurs bio locaux. Dans cette envie de refaire quelque chose de ses mains, il met un point d’honneur à l’utilisation de produits issus de l’agriculture biologique et de circuits courts, notamment dans l’approvisionnement (les ingrédients principaux de la bière étant l’eau et le malt) avec des malts locaux, produits dans l’ouest français (Yec’hed malt en Bretagne) par des producteurs partageant également ces valeurs.

La renarde fait partie de l’environnement de la brasserie, à la Feuillie. C’est un animal attaqué de toute part : par les maladies, par les chasseurs, les voitures. 

La Renarde qui brasse est produite dans un hameau se trouvant sur la commune de la Feuillie à 3km du bourg. La brasserie est installée dans une ancienne étable en pierre et masse entourée par la nature. C’est aussi le lieu où vit Nico, le brasseur. L’espace n’étant pas très grand, tout y est optimisé, aucun espace n’est perdu et on s’y sent bien… sauf en hiver où il y fait un peu froid.

Nico choisit de se tourner vers la bio d’abord car il est convaincu par la qualité du produit et la nécessité de produire sainement. Le monde du bio est également construit par des personnes souhaitant valoriser leur produits. Par exemple, la malterie fournisseuse de la brasserie est une petite unité de production, en lien avec les producteurs qui y travaillent, permettant ainsi une traçabilité sur la matière première. Les échanges entre fournisseurs et producteurs sont équitables. On y prend en compte les besoins des paysans producteurs. Les orges (céréales à l’origine du malt) sont acceptées sans négociation à un prix équitable. C’est cette valeur que recherche Nicolas dans l’agriculture biologique, quitte à parfois payer des malts à des prix plus élevés que les brasseries issues de l’agriculture conventionnelle. La production de l’orge est garantie sans produit de synthèse, saine, sans risque de contamination de pesticide par l’écorce de céréale.

De la même façon, les houblons sont bio (malgré la possibilité pour les brasseurs bio de demander une dérogation faute de production de houblons bio en France). Ils proviennent principalement  d’Europe (Autriche, Allemagne, Slovénie). Une petite part provient de Nouvelle Zélande où les houblonnières restent toutefois dans une démarche durable et écologique, avec un climat parfait pour ce type de production, avec un territoire indemne de mildiou (principale souci rencontré en culture bio). Les quantités de houblons utilisées, issues de l’importation, restent minimes. Par exemple, pour un brassin de 4 hectolitres (+ de 400L), 600L eau sont nécessaires, 90 kg de malt et seulement 3kg de houblon !